Le réutilisable pour le take-out : une bonne idée ?

Dans quelle mesure les contenants réutilisables représentent-ils un gain environnemental, en comparaison des options à usage unique, incluant les options recyclables ou compostables ?

Afin de répondre à cette question, nous avons mandaté des expert.e.s (indépendant.e.s bien sûr) pour faire une analyse de cycle de vie (ACV)! 


Qu’est qu’une ACV ?

C’est une méthode permettant de faire un bilan quantifié de différents impacts environnementaux potentiels au cours du cycle de vie d’un produit, de l’extraction des ressources à sa fin de vie.

Notes : 

  1. L’ACV est représentative du contexte québécois et prend en compte le bouquet énergétique du Québec.

  2. Les scénarios de transport et de lavage sont spécifiques à un contexte d’utilisation des contenants réutilisables disponibles en consigne, sans application technologique et où ce sont les commerces qui sont responsables du lavage des contenants.

  3. Pour alléger cet article, les données présentées incluent seulement la catégorie d'impact « changements climatiques ». On vous invite donc à consulter le rapport complet de l’ACV pour avoir un portrait plus précis et faire des choix éclairés selon vos critères de sélection.

Voici les 6 contenants réutilisables (boite repas) qui ont été étudiés :

Voici les 4 contenants à usage unique recyclables ou compostables avec lesquels nous les avons comparés :

 

Combien de fois faut-il se servir des contenants réutilisables pour qu’ils soient préférables aux options à usage unique ?

L’ACV conclut que les impacts des contenants réutilisables diminuent rapidement entre une et dix utilisations et sont presque nuls après 30 usages.

Impacts sur les Changements climatiques par nombre d’utilisations des boites repas réutilisables (graphique tiré du rapport synthèse).

Plus le nombre d’utilisations d’une boite repas réutilisable est élevé, plus les impacts par utilisation diminuent. Cela s’explique par le fait que plus on l’utilise, plus les impacts de sa fabrication sont répartis à chaque emploi, tandis qu’avec l’usage unique, on doit fabriquer un nouveau contenant à chaque utilisation. Cette balance impacts/utilisations diminue rapidement entre 1 et 10 utilisations, et finit par se stabiliser après 30 utilisations. Cela signifie qu’une faible différence d’impacts est observée entre 30 et 300 utilisations, le nombre moyen d’utilisations d’une boite repas.

On observe qu’après seulement 30 utilisations, plusieurs contenants réutilisables sont déjà meilleurs que certaines options à usage unique. 

Par exemple, le contenant réutilisable en polypropylène (B) n’a besoin que de 3 utilisations pour avoir un bilan environnemental équivalent à l’option jetable en polypropylène, 9 utilisations pour avoir un bilan environnemental équivalent aux options en carton PLA et en polystyrène, et 35 utilisations pour équivaloir à la bagasse.

Un contenant réutilisable utilisé minimalement 30 fois génère des impacts environnementaux très minimes et devient une option plus écoresponsable que la majorité des emballages à usage unique, compostables ou recyclables!


 

Quel est l’impact environnemental du nettoyage des boites repas consignées?

Bien évidemment, les contenants réutilisables doivent être lavés après leur utilisation. Les boites repas consignées sont réputées pour être lavées deux fois après chaque utilisation, une fois chez l’utilisateur.trice et une fois dans le restaurant.

Le lavage des boites repas est l’étape qui a le plus d’impacts environnementaux dans le cycle de vie des contenants réutilisables (plus de 55%).

Scénarios de lavage des boites repas réutilisables à la maison (tableau tiré du rapport synthèse).

Impact sur la Qualité des écosystèmes de deux boites repas réutilisables selon 4 scénarios de lavage à la maison et comparaison avec la boite repas Bagasse (graphique tiré du rapport synthèse).

Bien qu’après 30 utilisations, toutes les options réutilisables soient préférables à la majorité des options à usage unique, elles nécessitent plus d’utilisations pour équivaloir à la meilleure option jetable, le contenant en bagasse. On explique cela par le fait que le lavage des contenants constitue 55% des impacts des boites repas réutilisables et qu’un scénario de lavage « conservateur » fût pris en compte dans cette étude, c’est-à-dire l’utilisation de 3 litres d’eau chaude savonneuse. 

Le graphique ci-dessous démontre qu’en diminuant les quantités d’eau, de chauffage et de savon utilisées, les options réutilisables produisent alors moins d’impacts que l’option jetable en bagasse. Pour les boites repas réutilisables, les réductions d’impacts varient entre 30 et 73 % pour les scénarios économes en ressources par rapport au scénario conservateur.

L’impact environnemental des boites repas consignées est moindre que tous les contenants à usage unique* lorsqu’ils sont lavés au lave-vaisselle ou à la main de manière écoéfficiente.  

*Pour 300 utilisations.


Le transport pour retourner les boites repas réutilisables a aussi un impact environnemental !

Le transport des boites repas réutilisables pour la livraison ou le ramassage dans les commerces est aussi un facteur engendrant des impacts importants sur le cycle de vie du produit. Bien que les contenants à usage unique pour le take-out peuvent aussi être livrés ou ramassés, le retour des contenants au restaurant est propre au réutilisable. Il faut donc penser à éviter les déplacements uniquement pour rapporter un contenant en le combinant si possible avec un autre déplacement et à choisir un moyen de transport à faible émission.

Scénarios de transport des contenants réutilisables pour 300 utilisations (Graphique tiré du rapport synthèse).


Comment choisir son contenant réutilisable consigné ?

Les résultats démontrent qu’aucune option réutilisable n’est significativement meilleure que les autres et qu’il y a des variations selon la catégorie d’impacts étudiée. L’ACV recommande de sélectionner un contenant selon ces critères :

  1. Nombre d’utilisations élevé;

  2. Contenu recyclé élevé;

  3. Lieu de production où la génération d’électricité est à faible impact;

  4. Recyclabilité élevée.

C’est pourquoi La vague travaille à concevoir une option fabriquée localement afin d’être en mesure de contrôler ces paramètres et d’ainsi diminuer encore plus les impacts des boite repas réutilisables.

 

Impacts des boites réutilisables (tableau tiré du rapport synthèse).


Quelle est la meilleure option à usage unique ?

L’analyse de cycle de vie a aussi étudié les options à usage unique les plus populaires. De manière générale, l’option en fibres de bagasse génère le moins d’impacts environnementaux, suivie des options en carton avec une couche compostable (PLA) et du polystyrène, puis de l’option en plastique (polypropylène). En accord avec ces résultats, nous avons élaboré un répertoire des emballages et contenants en collaboration avec le GUTA qui vous aidera à faire des choix éclairés.

 

Impacts des contenants à usage unique (tableau tiré du rapport synthèse).


Donc, est-ce que le réutilisable pour le take-out est une bonne idée ?

Oui, parce que les options réutilisables étudiées engendrent effectivement moins d’impacts sur l’environnement que la très grande majorité des options à usage unique disponibles. Un lavage écoefficient assurera aux contenants réutilisables une meilleure performance environnementale que l’option à usage unique présentant le moindre impact environnemental.

Même en prenant en compte l’impact environnemental de la fabrication d’un contenant  réutilisable, son lavage, son transport, et la gestion de sa fin de vie, un contenant réutilisable consigné employé seulement 30 fois ne génère que de très faibles impacts environnementaux en comparaison avec la majorité des emballages à usage unique, compostables ou recyclables!


Cette étude a été soutenue financièrement par RECYC-QUÉBEC dans le cadre d’un appel de propositions visant la promotion de la réduction de l’utilisation et du rejet de plastique à usage unique. Le financement de ce programme provient des sommes prévues dans le cadre du Plan d’action 2018-2023 de la Stratégie québécoise de l’eau, administré par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC).

La caisse d’économie solidaire, la caisse de La chine, la MRC Roussillon, la MRC Lotbinière et le GRAME ont également soutenu financièrement la réalisation de cette étude.

La vague