+ Existe-t-il des alternatives à usage unique durables au gobelet de café traditionnel ?
Distinguer le biodégradable du compostable
Si tous les produits compostables sont par nature biodégradables, l’inverse n’est pas forcément vrai. Pour qu’un produit puisse être considéré biodégradable, il doit pouvoir se décomposer en quasi-totalité sous l’action de micro-organismes, comme des bactéries, de l’humidité, de l’oxygène ou de la chaleur et devenir bio-assimilable. En revanche, pour déterminer si un produit est compostable ou non, des critères additionnels doivent être considérés. Selon l’institut canadien Biodegradable Products Institute, un produit compostable doit pouvoir se désintégrer dans une période de temps donnée, généralement en moins de 80 jours. D’autres critères, tel que l’absence d’effets négatifs sur le déroulement du processus de compostage, sont également pris en compte. Pour plus d’informations, consulter la norme canadienne CAN/BNQ 0017-988 sur les produits compostables.
Les gobelets à usage unique biodégradables et/ou compostables, une fausse bonne idée ?
Souvent présenté comme l’alternative la plus durable lorsqu’il est question de traitement des déchets, les produits compostables sont de plus en plus populaires dans le domaine de la restauration et des cafés. Ce processus naturel de transformation des déchets organiques permet d’en faire un conditionneur pour les sols, afin d’en améliorer la qualité. Cela permet donc de réduire la quantité de déchets dans les sites d’enfouissements, tout en produisant une ressource bénéfique pour les sols.
Cependant, des analyses de cycle de vie (ACV) de gobelets de café à usage unique compostables ont montré que l’impact environnemental de ces gobelets peut être plus néfaste que celui de gobelets en plastique réutilisables. Dans certains cas, ils peuvent même avoir un impact environnemental supérieur à celui d’autres alternatives jetables, dont celle du traditionnel gobelet de carton.
D’autres facteurs doivent être considérés, tel que le danger du greenwashing entourant les produits faussement présentés comme étant compostables, ou le manque d’accès aux infrastructures de compostage qui empêchent leur bonne prise en charge. En effet, concernant ce dernier point, le compostage n’est effectif qu’à la condition que les villes et arrondissements soient dotés des infrastructures permettant de les prendre en charge à 100%, ce qui n’est pas encore d’actualité à Montréal. En effet, ce ne sont pas tous les cafés et restaurants qui ont accès aux services de la Ville. De plus, lorsque les clients prennent un café à emporter dans un gobelet compostable, cette alternative n’est pertinente que dans la mesure où le client dispose correctement de son gobelet jetable.
Concernant les gobelets en carton biodégradable fait à partir de cellulose de bois, des études d’analyse de cycle de vie (ACV) ont montrées que la surface intérieure de ces gobelets est recouverte de PLA, un bioplastique dont l’impact environnemental ne sera moindre que dans la mesure où il sera pris en charge par des infrastructures de compostage adaptées.
Ainsi, si les résultats de chaque étude s’inscrivent dans un contexte précis et peuvent varier selon les cas, il reste difficile de statuer sur le compostable comme étant la meilleure alternative existante pour le traitement des déchets à ce jour.